Parmi les 17 ODD de l’agenda 2030, éliminer la pauvreté figure en tête de liste. L’ONU reconnaît que l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes sur l’ensemble du globe est le plus grand défi mondial auquel l’humanité est confrontée aujourd’hui. C’est une condition indispensable au développement durable. L’ODD 1 est l’obligation faite aux états et à la communauté internationale de mettre en place des stratégies favorables à l’élimination des inégalités dans l’accès aux ressources économiques.
Il n’existe à ce jour aucun consensus sur la définition du terme de pauvreté. Le concept est spécifique aux époques et aux sociétés. Les critères et les indicateurs varient en fonction des pays du Nord et du Sud.
Selon l’INSEE, un individu ou un ménage est considéré comme pauvre lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté, dépendant du continent et du pays. En France il est fixé à 60 % du niveau de vie médian. Aux états-Unis, le bureau du Census mesure le nombre de pauvres en utilisant des seuils qui dépendent de la taille, l’âge et la structure des familles. En Europe, la pauvreté repose sur le fait que le citoyen pauvre ne peut accéder aux modes de vie jugés « normaux » par l’essentiel de la population. Depuis 2015, la Banque Mondiale fixe à 1,90 dollar USD le seuil de pauvreté absolue, sur la base du calcul annuel de pauvreté extrême dans les 15 pays les plus pauvres de la planète, en tenant compte de la parité et le pouvoir d’achat. Dans les pays à revenu intermédiaire le seuil se situe entre 3,20 et 5,50 dollars USD.
Les Nations-Unies reconnaissent l’étroite corrélation entre les droits de l’homme et la lutte contre la pauvreté. Les droits sexuels et reproductifs, la santé, l’eau et l’assainissement, l’éducation, le logement et l’alimentation sont des droits fondamentaux universels, conditions d’un développement durable et sources d’une vie décente pour tous. Leur violation est à la fois cause et conséquence de la pauvreté.
Ces 30 dernières années, le taux de pauvreté est passé de 36 % à 10 % entre 1990 et 2017. La conjugaison des conflits, du changement climatique et de la Covid-19 constitue un véritable frein à l’objectif fixé par la Banque mondiale à Washington le 20 avril 2013, celui de ramener à 3 % le taux d’extrême pauvreté dans le monde d’ici à 2030. Ce taux se situe en 2020 entre 9,1 et 9,4 % comme en 2017. Dans son Rapport 2020 sur la pauvreté et la prospérité partagée elle estime qu’en fonction de la gravité de la récession économique, entre 88 et 150 millions de personnes supplémentaires basculeront en situation d’extrême pauvreté en 2021 avec moins de 1,90 dollar US par jour. Par ailleurs, le rapport ODD 2020 de l’ONU fait état de 70,4 milliards de dollars de pertes économiques directes enregistrées rien qu’en 2019.
« Le monde n’était pas sur la bonne voie pour éliminer la pauvreté » et d’ici à 2030, « la pauvreté ne sera pas éliminée dans le monde ». La Banque Mondiale considère que les pays de la communauté internationale, face à la situation préoccupante, doivent doubler d’efforts en cette période de crise sanitaire et de changement climatique. La France s’engage pour une société juste en éradiquant la pauvreté, en luttant contre toutes les discriminations et inégalités et en garantissant les mêmes droits, opportunités et liberté à toutes et tous.
Grard Marie-Aleth
Présidente d’ATD Quart Monde
Roussel Frédéric
Président et co-fondateur de Convergences