Sauvons les forêts

(Crédit photo: Getty Images, Iphotostock)

Malgré les engagements pris lors des différentes COP, un rapport GIEC alarmant et en l’absence de politique concrète des entreprises et institutions pour s’assurer que leurs produits ne participent pas à la déforestation,  la forêt, poumon de la planète Terre et cœur de la biodiversité est en danger. Pourtant nous connaissons les bienfaits de la forêt, sur le bien-être, la santé mentale, le vivant.Depuis plusieurs siècles, la forêt fait l’objet de recherches scientifiques et dès le 18è siècle d’actions de mobilisation qui révèlera George Sand en pionnière de l’écologie.

En ce 21 mars, journée internationale des forêts, nous la célébrons, comme chaque année depuis 2012. C’est l’occasion pour les entreprises, les collectivités et les citoyens de participer à des actions de sensibilisation à la protection de la biodiversité et des écosystèmes terrestres et forestiers.  

La déforestation est-elle inévitable ?

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), près de quatre milliards d’hectares, c’est à dire environ 30 % des terres émergées, sont recouverts par la forêt dans le monde.

Les scientifiques estiment qu’il existerait 73 000 espèces d’arbres à travers le monde.

Une très grande partie des quelques millions d’espèces animales peuplant la terre ferme habitent dans ces forêts. L’Homme réduit sans cesse leur habitat naturel et détruit la biodiversité qui s’y trouve. Selon l’Institut des Ressources Mondiales, 100 espèces disparaissent chaque jour en raison de la déforestation.

Entre 2004 et 2017, les forêts ont perdu l’équivalent de 80% du territoire français, 43 millions d’hectares de forêts détruits en 13 ans à travers le monde alerte le WWF dans un rapport publié en janvier 2021.

La déforestation est un phénomène incontournable du XXIème siècle, mais est-elle pour autant inévitable ? Elle est caractérisée par le défrichement systématique et définitif des surfaces boisées au profit de la création de terres agricoles, de l’installation de sites d’exploitation de ressources minières ou de l’urbanisation. Bien qu’elle ne soit pas récente, puisque les hommes coupent des arbres pour y installer des champs depuis le néolithique, elle a tendance à s’accélérer depuis 20 ans. La perte des surfaces arborées, principalement dans les tropiques, a ainsi atteint 294.000 km2 en 2017, soit l’équivalent d’un terrain de foot perdu chaque seconde.

Les conséquences de la déforestation sont multiples. En première place vient celle du réchauffement climatique. 9 à 11% des émissions de gaz à effet de serres proviennent de la coupe systématique des arbres.

Et pourtant, on connait tous les bienfaits que prodigue la forêt et plus généralement la nature sur l’environnement et la santé, humaine ou animale.

Malgré la déforestation et les gigantesques incendies qui surviennent désormais chaque année comme en Australie ou en Californie, on estime que les forêts ont une capacité globale d’absorption de 16 Gigatonnes de CO2 par an tout en émettant seulement 8. On parle donc d’une balance très favorable !

On peut se réjouir que les forêts présentes sur le territoire français jouent à merveille leur rôle en captant à elles seules 100 millions de tonnes de CO2 !

Parallèlement à cette incroyable capacité que les arbres ont à purifier l’air que nous respirons, les forêts sont aussi les milieux les plus favorable au développement de la biodiversité et à la préservation du vivant.

Certes, des espèces vivantes (animales, végétales, bactériennes …) disparaissent rapidement. Mais il faut également souligner que certaines apparaissent, les scientifiques en compteraient près de 16000 chaque année. Il s’agit d’une perspective positive. C’est pour elles et pour celles que l’on connait déjà que des initiatives militantes et écologiques voient le jour.

Alors, il nous faut saluer les initiatives qui émergent partout en France et à travers le monde, dans une lutte sans fin contre le temps et les grands groupes industriels, pétroliers ou agroalimentaires.

En France, Reforest’Action agit depuis 2010. Spécialiste de la forêt, c’est une entreprise française certifiée B Corp. Elle propose aux particuliers et aux sociétés de financer des actions de replantation massives. Leur modèle unique, le « crowdplanting », a financé plus de 20 millions d’arbres dans 40 pays grâce à l’engagement de 3 000 entreprises et de 300 000 citoyens.

Reforest’action a lancé le mois de la forêt

Depuis 4 ans, Reforest’Action va plus loin dans ses actions. Elle est à l’origine du Mois de la Forêt, lancé le 1er mars. À cette occasion, huits grands événements sont organisés partout en France.  Stéphane Hallaire, fondateur de Reforest’Action donne la parole à des experts comme le botaniste Francis Hallé.

Dans la continuité du mois de la forêt, Reforest’Action, en partenariat avec Open Diplomacy a lancé pour la 2ème année consécutive le Global Forest Summit : un sommet international qui implique des personnalités de haut niveau , experts, chefs d’Etat, pour un événement mondial dédié aux forêts, qui a lieu le 24 mars 2022.

Afin d’aller plus loin dans ces initiatives, Reforest’Action est engagé dans des programmes internationaux aux côtés d’institutions,  notamment UN Decade on Ecosystem Restoration qui agit pour la restauration des écosystèmes en tant qu’acteur, ou la European Forest Institute (EFI) qui a lancé le programme de plantation de 3 milliards d’arbres additionnels en Union Européenne. Reforest’Action a également rejoint en mars 2021 la Circular Bioeconomy Alliance et ses Living Labs, afin d’accélérer la transition vers une bioéconomie circulaire et promouvoir un modèle économique basé sur le respect de la nature et du vivant.

Les actions de l’Office National des Forêts 

Établissement public créé en 1964, l’Office National des Forêts gère près de 11 millions d’hectares de forêts, soit un quart des forêts présentes sur le sol français, en métropole et dans les DOM-TOM. L’ONF a plusieurs missions : gérer les forêts, innover pourprotéger l’environnement, accueillir et sensibiliser le public, valoriser les espaces naturels et la ressource en bois. L’ONF accompagne les collectivités et informe autant que possible les quelques 700 millions de promeneurs annuels sur les enjeux de protection de la biodiversité. Mais l’ONF est également présent pour prévenir des risques naturels (incendies, écroulement de digues, inondations), même quand ceux-ci sont les conséquences directes des actions des hommes. 

À l’occasion de la journée internationale des forêts, du 19 au 27 mars 2022, l’ONF propose de nombreux ateliers. À Paris, les forestiers donneront des conférences à l’Académie du Climat. Cependant, les actions seront menées partout en France. Des rencontres artistiques, des animations, des sorties natures, des webinaires et même des concours photo sont mis en place. Cette journée est essentielle en matière de sensibilisation citoyenne. Elle se veut festive et positive afin que les acteurs de tous âges, et notamment les plus jeunes, en ressortent avec une seule idée en tête : aider à revitaliser la nature, les forêts et leurs écosystèmes !

La forêt de Chantilly : plan de sauvetage et laboratoire du changement climatique

La forêt de Chantilly est aujourd’hui ce qu’on nomme un véritable laboratoire du changement climatique. C’est un projet d’envergure auquel Reforest’Action participe dans l’objectif de restaurer cette forêt en danger et de renforcer sa résilience à long terme.

Chantilly est une forêt aussi emblématique qu’historique. Cependant, son peuplement est en danger. Elle fait donc l’objet d’un projet de reboisement d’envergure. La forêt de Chantilly est un lieu de promenade, de tourisme équestre et d’exploitation forestière. Mais comme de nombreux territoires boisés, elle est victime d’importantes vagues de sécheresse provoquées par le réchauffement climatique.

Le collectif en charge de replanter des arbres, d’acheminer de l’eau et de traiter les infestations prévoit d’implanter 61 différentes essences d’arbres s’acclimatant très bien à la région (pour la plupart originaires de celle-ci). Elles permettront à la forêt déjà présente de s’auto-régénérer et d’apprendre à se défendre contre les nuisibles et la sécheresse à venir, pour ainsi devenir plus résistante. Cette nouvelle gestion forestière permettra à la forêt de Chantilly deredevenirlepoumon vert d’antan, d’exercer sa fonction de puits de carbone et de réservoir de biodiversité. À terme, le massif des Trois Forêts (Chantilly, Ermenonville et Halatte) pourra de nouveau remplir sa fonction économique : la production de bois durable, essentielle à l’entretien du domaine.

La Forêt de Fontainebleau et l’éco-féminisme de George Sand

En parallèle de la mobilisation et des initiatives citoyennes ou d’entreprises, un courant philosophique, éthique et politique est en plein boom. On entend beaucoup parler de l’éco-féminisme. L’écrivaine indienne Vandana Shiva en est une figure de proue.

Il naît de la conjonction des pensées féministes et écologistes et considère qu’il existe des similitudes entre les systèmes de domination et d’oppression des femmes par les hommes et les systèmes de surexploitation de la nature par les humains. Ceux-ci entraînent le dérèglement climatique et le saccage des écosystèmes. L’écologie nécessiterait donc de repenser les relations entre les genres en même temps qu’entre les humains et la nature.

Au début XIXème siècle, plusieurs scientifiques développent l’idée d’un « ordre naturel », équilibre dans lequel la forêt tient une place centrale. Celle-ci fait suite à … une déforestation massive !

Puisque le bois servait pour les constructions et pour se chauffer, on redoutait d’en manquer. Les gens ont désormais conscience que les forêts purifient l’air, favorisent les pluies et font barrage au vent. En manquer, c’est entraîner de nombreuses catastrophes. On prône alors un reboisement massif. L’empereur Napoléon III fait replanter la forêt des Landes et promulgue en 1860 une loi sur le reboisement des montagnes. C’est dans ce contexte de préservation des forêts et de la nature que George Sand, romancière et auteure féministe du 19ème siècle, s’érige en pionnière française de l’éco-féminisme.

Les sciences sont alors un domaine exclusivement réservé aux hommes. Pourtant, George Sand est depuis toujours passionnée par les sciences naturelles. À L’âge adulte, elle devient la gestionnaire des terres de son domaine. Elle le fait avec une rigueur scientifique, en s’entourant de spécialistes : médecins, botanistes, géologues, ingénieurs, entomologistes. En 1872, le président de la République Adolphe Thiers menace la forêt de Fontainebleau en souhaitant couper une partie des arbres de ce site, pourtant alors protégé par décret impérial.

George Sand se révèle pionnière de ce qu’on nommera par la suite l’écologie :  accompagnée de scientifiques, elle rédige un plaidoyer de douze pages où elle écrit : « Si on n’y prend garde, l’arbre disparaîtra et la fin de la planète viendra par dessèchement, sans cataclysme nécessaire, par la faute de l’homme ».

C’est donc à elle qu’on doit le tout premier sauvetage d’une réserve naturelle et l’instauration de règles d’exploitation forestière respectueuses de cette dernière. L’écologie et, par extension,l’éco-féminisme sont nés.

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