Objectifs de développement durable
Dernière décennie de l’action : rien n’est impossible
RIEN n’est impossible.
Le monde fait face à une crise sans précédent avec la pandémie de Coronavirus qui révèle jour après jour toutes les failles de nos systèmes économiques et sociaux et de notre mode de pensée. Les ODD reflètent en quelque sorte notre réalité. Ils peuvent être lus comme la liste des problèmes créés par notre système économique et social. Ils attirent notre attention pour s’assurer que nous les résolvions à temps. Nous connaissions ces problèmes avant même que les Nations Unies nous imposent de les regarder en face. Nous les connaissions pendant tout ce temps, mais nous les avons ignorés et laissés s’aggraver de jour en jour. Nous connaissions bien le réchauffement climatique et la concentration des richesses. Nous connaissions les problèmes de pauvreté, d’accès aux soins, d’inégalités entre les genres et bien d’autres problèmes. Nous savions comment les résoudre. Les solutions ne nous étaient pas inconnues, mais nous n’avons pas mobilisé nos capacités pour mettre fin à ces problèmes. Si les êtres humains s’en donnent la peine, ils peuvent réussir tout ce qu’ils veulent. Rien n’est impossible pour les êtres humains. Cependant, nous n’y avons pas prêté attention. Pourquoi ? La seule explication que nous pouvons apporter à l’absence de prise de décision pour résoudre ces problèmes serait que nous sommes « drogués » à notre système actuel qui entretient la production de ces problèmes. Les ODD sont un effort de l’ONU pour pousser les gouvernements et les populations à agir.
La pandémie de la Covid-19 a mis la machine économique à l’arrêt dans le monde entier. Maintenant, elle montre des signes de redémarrage. Toutes les nations se préparent urgemment à faire tourner la machine économique à pleine capacité et à faire revenir l’économie à son niveau d’avant-pandémie. Ma question est, pourquoi voudrions nous reprendre la trajectoire économique au niveau où nous l’avons laissée il y a un an ? Cette trajectoire nous conduisait vers l’extinction de notre existence sur cette planète,
elle a fait des êtres humains une des espèces les plus menacées. Nous devrions prendre la décision inverse. « Pas de retour en arrière », cela devrait être notre décision ferme. Il est absurde de retourner sur ce chemin suicidaire. Par chance la pandémie nous a donné l’occasion de mettre un frein à cette trajectoire. Désormais, il est plus simple de faire demi-tour. Cette opportunité pourrait ne pas se représenter à nous pendant de nombreuses générations. Nous ne devons pas la rater.
Revenir en arrière signifierait travailler avec le même système, les mêmes infrastructures, les mêmes concepts, les mêmes objectifs économiques des entreprises, qui créeront encore plus de réchauffement climatique, encore plus de concentration des richesses, etc., et rendront la planète invivable pour les humains.
Heureusement, nous savons comment restructurer le système entier, en permettant aux gens de choisir. Le système actuel n’offre aucun choix. Nous pouvons créer un système qui offre des options à chacun sur les décisions économiques de base. L’agrégation de leurs décisions constituera la trajectoire globale de l’économie. Ces options peuvent être introduites au travers de notre système éducatif qui préparera les jeunes dans les choix qu’ils feront, remplaçant notre système éducatif « sans alternative ».
Le système éducatif devrait dire aux élèves que rien n’est impossible pour les êtres humains s’ils prennent collectivement une décision ferme pour y arriver. Nous devrions dire aux jeunes qu’ils ont le choix dans la manière de construire le monde qu’ils veulent. Ils ne sont pas des passagers sur cette planète. Ils sont les architectes de cette planète. Le devoir de chaque génération est de transformer ce monde en un lieu plus sûr et meilleur que celui qu’elle a trouvé. Le concept d’entreprise doit changer. Aujourd’hui, il n’y a pas de choix dans les objectifs des entreprises, elles doivent toutes avoir pour but la maximisation du profit personnel. Nous devrions dire aux étudiants qu’il existe une alternative – « le social business ». C’est une entreprise pour résoudre les problèmes auxquels le monde fait face. Au lieu de dire aux étudiants que les êtres humains sont guidés par leur intérêt personnel, le nouveau système éducatif leur dira que les êtres humains sont guidés par deux intérêts : l’intérêt personnel et l’intérêt collectif. Ce seul choix apporte un changement fondamental dans le monde des affaires. Il y a un conflit clair entre intérêt collectif et profit personnel. Cependant, il faut se préparer à mettre en balance ces deux options et à prendre des décisions. Heureusement, ces options ne s’excluent pas l’une l’autre. On peut facilement emprunter dans chacune de ces options. Satisfaire l’intérêt collectif nécessite un type d’entreprise complètement différent, une entreprise dédiée à la résolution des problèmes collectifs sans aucune intention de dégager un profit personnel. On appelle cela « le social business », une entreprise qui ne verse pas de dividende et qui est faite pour résoudre les problèmes des humains. Alors que nous avons le choix de tant d’entreprises à but lucratif et de tant d’entreprises poursuivant des intérêts collectifs, avec une gestion séparée des unes et des autres, ne perdons pas de vue que les entreprises à but lucratif peuvent aussi créer de l’entrepreneuriat social et inversement.
Au cœur de cette prise de décision repose un objectif simple : chaque individu choisit quel genre de monde il/elle veut construire. Cette question elle-même devrait être le thème central du nouveau système éducatif. Les étudiants de tous niveaux devront participer à un laboratoire sur la question : quel type de monde ils veulent créer.
Nous devons laisser le choix à chaque jeune de décider de sa carrière. Aujourd’hui, les étudiants n’ont pas de choix, ils sont formés pour une mission : celle de réussir à trouver un emploi à la fin de leurs études. Le système éducatif est dédié à la production de jeunes aptes à occuper des postes de salariés. Dans le nouveau système éducatif, les élèves vont apprendre très clairement que tous les êtres humains sont nés entrepreneurs. Cependant, ils ont le choix. Ils peuvent devenir entrepreneurs ou ils peuvent aller chercher des emplois salariés. Les étudiants seront libres de choisir leur future voie.
Nous devons bâtir de nouvelles institutions. Nous avons besoin de nouvelles lois pour créer de nouvelles institutions. Pour inverser le processus de concentration permanente des richesses, nous aurons besoin d’un nouveau système bancaire. Les banques d’aujourd’hui sont le véhicule qui crée la concentration des richesses. Nous devons créer de nouvelles banques pour servir la moitié du bas de l’échelle de la population avec une attention particulière pour les femmes et les 10 derniers %. Nous devons créer des banques pour les micro-entrepreneurs sociaux afin d’atteindre les populations non touchées dans tous les pays, qu’il s’agisse d’un pays riche ou d’un pays pauvre. Nous devons créer des fonds de capital-risque, particulièrement dans le domaine de l’entrepreneuriat social, pour financer les jeunes entrepreneurs. Personne ne devrait avoir à aller sur le marché de l’emploi salarié car il/elle n’a pas pu trouver le financement pour devenir entrepreneure.
La concentration des richesses a créé une énorme distance entre les personnes et les richesses. 99 % de la richesse sont concentrés au niveau le plus élevé de l’échelle des revenus tandis que 99 % des personnes sont piégées au plus bas de l’échelle, ce qui crée une distance incommensurable entre les richesses et les personnes. Tous les jours, la distance richesses-personnes devient de plus en plus grande. Afin de sauver le monde, nous avons besoin d’un système qui rapproche les richesses et les personnes les unes des autres, plutôt que de les éloigner. Le but ultime sera d’avoir une superposition complète des richesses et des gens sur la carte de distribution des revenus. Cela semble impossible ? Rien n’est impossible pour les êtres humains. Toute la question est de prendre des décisions pour le faire.
Nous ne devons pas oublier ce que « revenir en arrière » signifie. Cela veut dire revenir au même système, aux mêmes buts des entreprises, faire les mêmes choses et créer plus de réchauffement climatique, plus de concentration de richesses, plus de substitution des personnes par l’intelligence artificielle.
Le réchauffement climatique n’est pas quelque chose d’inconnu. Nous savons presque tout ce que nous avons besoin de savoir. C’est une menace existentielle pour le monde. Plus nous en savons, plus cela apparaît choquant. Cependant, dans la vie de tous les jours, nous ne montrons aucunement que nous sommes choqués ou que nous nous sentons menacés. Nous gardons nos œillères en pensant « je ne peux rien faire à propos de cela. Notre gouvernement ne m’a jamais demandé de faire quoique ce soit à ce propos, ils doivent s’en occuper. Si c’était si grave, ils nous auraient avertis. Mon boulot c’est de m’occuper de ma vie ». Nous savons que notre maison brûle et nous en avons conscience, mais nous n’en sommes pas inquiets, nous continuons à faire la fête dans la maison. La fête elle-même alimente continuellement l’incendie. C’est devenu un cercle autodestructeur, toujours en nous donnant l’excuse que si c’était si grave, le gouvernement s’en occuperait. Les explications oscillent entre le blâme et le déni total.
Nous devons regarder la situation sous un autre angle. Nous, pas des ennemis venus d’une autre planète, sommes propriétaires des entreprises qui causent ce réchauffement climatique. Nous dirigeons ces entreprises. Encore une fois, en tant que consommateurs, nous sommes ceux qui encouragent ces firmes à se développer en consommant leurs produits dans des quantités toujours plus importantes. Que vous soyez au Bangladesh, en France ou aux états-Unis, cela n’importe pas. C’est notre maison qui brûle, nous sommes seulement dans des pièces différentes. Chacun d’entre nous, en tant qu’individu, a la responsabilité d’éteindre le feu, que notre gouvernement le demande ou non, cela n’importe pas. Nous avons seulement une très petite fenêtre de temps pour arrêter ce feu avant que tout se transforme en cendres. Le point de non-retour approche très vite.
Nos adolescents ont compris la situation bien mieux que nous les aînés. Ils marchent dans la rue tous les vendredis, s’appelant « Fridays For Future ». Ils accusent vigoureusement leurs parents et autres ainés, du fait que les personnes plus âgées ont été irresponsables et égoïstes – elles ont volé le futur des adolescents. Les adolescents ont reconnu la menace et en ont parlé. Ils n’ont pas attendu que leurs gouvernements le leur disent. Il est temps pour nous de leur répondre, en reconnaissant l’urgence, et en mettant toutes nos activités en alerte rouge.
J’admire la prise de conscience manifestée par les adolescents pendant que les générations plus âgées se reposent sur le succès de l’accord de Paris. L’accord de Paris est un beau succès. Les objectifs qu’il fixe sont un important développement dans l’élaboration des politiques et fournissent un cadre pour l’action. Les actions gouvernementales sont bien définies. Cependant, quand est-il des gens ? Ceux-ci dans la diversité de leurs rôles ont créé le problème au départ. Elles doivent prendre la responsabilité de dénouer le problème. Elles doivent entrer en action.
Les jeunes ont compris ce problème. Ils se sont mis en mouvement pour réveiller les personnes plus âgées. Cela m’inspire. La jeune génération actuelle est la génération la plus puissante dans toute l’histoire de l’humanité, pas parce qu’ils sont plus intelligents, mais parce qu’ils ont commencé leur vie avec les technologies entre leurs mains, même entre les mains de la jeunesse rurale pauvre, des technologies que les riches eux-mêmes n’avaient pas il y a tout juste 20 ans. Chaque jeune a le pouvoir de changer le monde. Chacun est devenu un potentiel génie de la lampe d’Aladin. Le nouveau système éducatif doit les sensibiliser au fait qu’ils sont différents des jeunes des précédentes générations et leur faire sentir le pouvoir qui les distingue. Une autre chose importante que le système éducatif doit faire est de préparer les élèves à utiliser entièrement leur pouvoir. Ils ne doivent pas gaspiller leur pouvoir par un non-usage ou un mauvais usage.
Ils doivent se tenir prêt à faire de grandes choses. C’est ce pour quoi ils sont équipés. Ils doivent se tenir prêt à oser, et remettre en question tout ce qui est considéré comme acquis, et ne pas hésiter à se confronter à leurs ainés. Ils devraient commencer le processus de construction du monde qu’ils veulent, maintenant, sans attendre en se disant « je le ferai quand je grandirai ». Ils devraient se sentir prêts maintenant. Ils devraient vérifier tout ce dont ils héritent. Au vu des circonstances actuelles, tous les héritages devraient être suspects. Il faudrait leur dire que les vieilles routes mènent toujours à une vieille destination. Notre vieille destination n’était pas sûre. Ils doivent concevoir une nouvelle destination. La nouvelle destination ne peut être atteinte que par de nouvelles routes. Les anciennes routes ne les mèneront jamais à leur nouvelle destination.
Il faudrait leur parler du pouvoir de l’imagination. Les jours les plus sombres sont les meilleures périodes pour imaginer le plus radieux des mondes. Ils doivent croire que s’il l’imagine, cela arrivera car ils ont le pouvoir de le faire advenir. S’il ne l’imagine pas, cela n’arrivera pas car leur pouvoir n’aura pas reçu d’ordre de marche.
Je profite de cette occasion pour féliciter Nora Barsali, Présidente et Fondatrice de News RSE, qui s’est concentrée sur la préparation du monde pour atteindre les ODD dans le délai imparti. Maintenant, nous sommes dans la seconde moitié du voyage des ODD. Nous devons nous assurer que nous arriverons en 2030 en ayant atteint tous nos objectifs. Nous avons besoin d’atteindre ces objectifs pour créer un monde nouveau, un monde de trois zéros : zéro concentration des richesses, zéro émission nette de carbone, et zéro chômage. Préparons-nous pour que cela se produise. Rien n’est impossible aux êtres humains.