Mettre fin à l’extrême pauvreté, un grand pas vers un monde plus juste
Les sociétés les plus heureuses sont les sociétés les plus égalitaires. C’est non seulement une conviction personnelle, mais aussi celle qui porte les objectifs de développement durable. Les dernières décennies ont montré que la pauvreté pouvait globalement reculer, l’éducation des enfants se développer, les droits des femmes progresser. Collectivement, nous avions l’impression que le monde tournait un peu plus rond.
Hélas, depuis la pandémie de 2020, le tableau a été redessiné. Plus de 700 millions de personnes dans le monde vivent toujours sous le seuil de l’extrême pauvreté, et pour la première fois depuis les années 1990, ce chiffre a augmenté de 20 % les deux dernières années. Près d’un milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde, 90 % des enfants âgés de dix ans dans les pays pauvres ne savent ni lire ni comprendre une phrase simple à l’écrit, et 54 % des femmes seulement ont accès à des services modernes de planning familial en Afrique subsaharienne. Voici la réalité du monde d’aujourd’hui.
Ce cruel retour des injustices mondiales a été un puissant moteur d’engagement, pour moi, mais aussi pour les milliers de bénévoles qui agissent dans le monde. Comment accepter qu’à l’heure actuelle, il faudra encore 132 ans pour atteindre l’égalité femmes-hommes ? Comment tolérer que plus de 890 millions de personnes dans 92 pays n’aient pas assez à manger ? Des solutions existent et la lutte contre les inégalités mondiales est un choix politique. La pauvreté, loin d’être une fatalité, dépend en réalité des décisions qui sont prises par nos dirigeants.
Pour moi, les ONG sont aujourd’hui au cœur de l’action politique et publique. Celle que je dirige en France, ONE, lutte contre les inégalités mondiales et les maladies évitables. Notre travail répond aux ODD fixés par l’Agenda 2030, notamment le premier d’entre eux, l’ODD 1 « Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde ». Le net progrès de cet objectif a fortement été ralenti par les conséquences du Covid-19, qu’elles soient sanitaires, économiques, sociales, alimentaires ou éducatives. Comme lors de toute crise, ce sont les plus vulnérables qui ont le plus subi le poids des difficultés mondiales. Et nous l’avons vu, ces crises se multiplient. Se superposent les unes aux autres. Et toujours, mettent en avant les disparités entre nos sociétés, nos cultures, nos modes de vies. Alors que l’on se relevait à peine de la pandémie, de graves conflits ont éclaté, ici en Europe, mais aussi là-bas, dans la Corne de l’Afrique ou encore en Afrique de l’Ouest, et font craindre un retour d’une grave déstabilisation mondiale. Je refuse de baisser les bras face à ces défis et suis persuadée qu’une action conjointe entre la société civile, les pouvoirs publics et l’ensemble de la communauté internationale, permettront de les résoudre.
Chez ONE, nous refusons le statu quo. L’endroit où nous vivons ne devrait jamais déterminer si nous vivons. À chaque occasion, nous sommes présents pour rappeler aux dirigeants que s’engager contre la pauvreté, c’est s’engager pour un monde plus juste. En septembre, nous avons, à titre d’exemple, fait campagne pour la reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme en demandant des ressources supplémentaires pour contrecarrer les conséquences terribles qu’a eu le Covid-19 sur l’arrêt des soins des autres maladies. Malgré un montant alloué par la France en deçà de nos attentes, les leaders des pays les plus riches ont pourtant montré qu’ils entendaient nos demandes. Et prenaient conscience de l’urgence d’agir, ensemble. Avec l’imminence de la COP27 puis du sommet du G20, les chefs d’États peuvent encore nous prouver qu’ils accordent plus d’importance à la coopération qu’à l’isolement, au multilatéralisme qu’à la défense de leurs intérêts propres, à la solidarité qu’au repli sur soi.
C’est ainsi que l’ODD 1 trouve sa juste place en première position tant il est lié aux autres. Mettre fin à l’extrême pauvreté, tel que l’ambitionne ONE, permettrait à chacun et chacune d’avoir un meilleur accès à la nourriture (ODD 2), à la santé (ODD 3), à une éducation de qualité (ODD 4). Et permettrait d’atteindre cet objectif. Le temps presse, 2030, c’est déjà demain.