Facteurs de risques environnementaux : l’inaction n’est plus acceptable
Les chiffres ne mentent pas : augmentation croissante des dépenses de santé selon le dernier rapport de la CNAM en 2020)explosion des maladies chroniques, plus de 20 millions de patients atteints… Si notre système de santé veut perdurer, il est urgent de changer nos mentalités car le coût de l’inaction n’est plus acceptable. La santé c’est le soin et la prévention.
Cette prévention n’est pas seulement celle des attitudes individuelles (tabac , alcool ..) c’est celle des facteurs de risques environnementaux qui ont comme particularité d’être involontaire et subie ,et que l’on comprend mieux maintenant grâce à la multitude d’études parues : air, perturbateurs endocriniens, pesticides , ondes électromagnétiques , nanoparticules sans oublier les liens santé avec le climat et la biodiversité.
Un exemple frappant est le coût de la pollution de l’air ; il est estimé en France par le Sénat à plus de 100 milliards par an, avec selon les études de 48 000 à 96 000 décès par an. Tokyo en agissant de manière draconienne et collective sur la réduction du taux de particules fines (interdiction du diesel en ville en 2000) a réduit la mortalité cardiovasculaire de 11 % et pulmonaire de 22 % .Quel médicament est capable d’un tel résultat !
Les perturbateurs endocriniens et les pesticides constituent un problème majeur car ils sont liés aux maladies métaboliques, cancers, troubles de fertilité, troubles cognitifs et nous y sommes exposés quotidiennement dans les produits de consommation courante et l’alimentation. L’étude Esteban de Santé publique France confirme que les adultes comme les enfants sont tous contaminés aux PE (bisphenols, phtalates, retardateurs de flamme etc.), pesticides et même métaux lourds.
Manger moins salé c’est important mais pas suffisant en terme de message sanitaire.
Nous pourrions limiter notre exposition aux risques mais pour cela il est important d’être informé et formé. Le professionnel de santé, relais essentiel auprès des populations, n’est pas suffisamment en capacité de prodiguer les conseils utiles surtout dans les périodes de procréation et de l’enfance, périodes clés de la vie. C’est pourquoi cette formation sur les facteurs de risques environnementaux est indispensable et il est incompréhensible qu’elle ne soit pas obligatoire dans le cycle des études de santé et aussi sporadique en formation continue.
Toutefois, une prévention individuelle ne suffira pas et il est urgent de prendre des décisions collectives et publiques fortes d’information voire d’interdiction.
L’érosion de la biodiversité est un autre paramètre impactant la santé. La biodiversité c’est tout le vivant ; le plus bel exemple est le corps humain et les 100 à 10 000 milliards de micro-organismes qui y vivent en harmonie (micro-biotes) ; en compulsant les études, l’exposition à la nature et la biodiversité ce n’est pas seulement l’amélioration des bien-êtres physique, mental et social (qui font partie intégrante de la définition de la santé ) ce sont des bénéfices en terme de ressources alimentaires, d’eau potable, de fourniture de médicament, d’un meilleur système immunitaire, d’un effet de dilution prédominant (moins de transmissions de zoonoses s’il y a plus d’espèces animales présentes ), mais aussi de diminution de mortalité ; une étude de 2015 sur les infirmières américaines a montré une réduction de 12 % de la mortalité si elles avaient à proximité un espace vert par rapport à celles qui n’en disposait pas. Biodiversité et santé sont intimement liées, il est urgent de la préserver.
L’avenir est inquiétant mais ne nous résignons pas. Ensemble agissons d’autant que le meilleur remède à « l’écoanxiété » c’est l’action.