Les experts : Sobczak André

Sobczak André

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Faisons de l’Europe le leader des entreprises à impact positif !

Face à l’urgence climatique et sociale, les entreprises ne peuvent plus se contenter d’adopter des actions ponctuelles qui seraient dé-corrélées de leur stratégie. Il devient indispensable de redéfinir la raison d’être des entreprises et de transformer leurs business models pour créer un impact positif sur la planète, la société et l’ensemble des parties prenantes. L’Europe a un rôle essentiel à jouer pour accélérer cette transformation responsable, et le potentiel de faire de notre continent le leader des entreprises à impact positif.
Le plan de relance européen offre à cet égard une excellente opportunité. Il est indispensable que tous les investissements dans ce cadre contribuent à un développement économique responsable. Mais il faut aller plus loin et construire une stratégie cohérente pour faire émerger un modèle qui fédère les citoyens européens et contribue à la réalisation des objectifs de développement durable.

En s’appuyant sur les expériences de certains états membres, les réflexions engagées à l’échelle européenne et les initiatives prises par les acteurs économiques, on peut esquisser les principaux éléments d’un modèle européen qui engage les entreprises dans un processus d’apprentissage pour la responsabilité sociétale dont l’objectif à terme est de créer un impact positif.

À l’image de la loi PACTE adoptée en France en 2019, il s’agit d’imposer à toutes les entreprises européennes qu’elles doivent tenir compte de leurs impacts environnementaux et sociaux et donc les mesurer et les communiquer de manière transparente aux différentes parties prenantes. Il convient également de mettre en place une comptabilité en triple capital pour valoriser l’ensemble des impacts dans les bilans des entreprises européennes.

Cette mesure de l’impact permettra de créer un label européen distinguant clairement les entreprises dont l’impact est le plus positif pour créer la confiance parmi les parties prenantes et les inciter à valoriser les investissements des entreprises pour la transformation responsable et leurs résultats. Cela est plus compliqué avec la dispersion actuelle des labels et auto-déclarations dans le domaine de la responsabilité sociétale des entreprises.

Les résultats de la mesure de l’impact doivent également être intégrés dans la commande publique. Il est urgent que le code européen des marchés publics évolue pour permettre aux acheteurs publics et notamment aux collectivités locales qui sont les principaux acteurs de l’investissement, de faire de l’impact social et environnemental des entreprises un critère de sélection à côté du prix et de la qualité des produits ou services achetés. Continuer à exiger un lien direct entre les critères sociaux et environnementaux et l’objet du marché oblige les entreprises à prendre et suivre des engagements spécifiques pour chaque réponse à un appel d’offre plutôt que d’investir dans une transformation plus globale de leur business model.

Par ailleurs, il est nécessaire de renforcer la place des représentants des salariés dans les conseils d’administration de toutes les entreprises européennes d’une certaine taille pour favoriser la mise en place de stratégies responsables de long terme. L’exemple récente de Danone démontre en effet que la modification des statuts ne saurait suffire pour assurer que les actionnaires renoncent à une rentabilité de court terme qui semble difficilement compatible avec les investissements pour un impact positif.

Pour conduire ces différents changements à l’échelle européenne, on ne saurait s’appuyer sur les seuls gouvernements nationaux. L’engagement des entreprises et des organisations syndicales, mais aussi celui des collectivités locales et notamment des villes réunies dans Eurocities est clé pour y arriver. Ensemble, nous pouvons réussir ce défi, en améliorant l’impact et la performance de nos entreprises, tout en donnant du sens au projet européen !

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