L’écologie sera culturelle ou ne sera pas !
L’écologie est partie intégrante de notre culture, mais on ne nous le dit pas ! Le sujet écologique, abondamment débattu en politique, en économie et en sciences, est curieusement absent du lexique culturel.
Encore faut-il s’entendre sur le mot « culture », un terme que l’on réduit trop souvent aux arts, eux-mêmes assimilés au divertissement, et au rêve. Or, l’écologie est un sujet sérieux ; elle demande d’être pragmatique face aux enjeux du changement climatique. Oui mais… Quand les jeunes générations défilent pour le climat, elles réclament deux choses : préserver le vivant, et développer de nouveaux imaginaires. Et cette jeunesse a raison, car comment faire évoluer la société, sans l’imaginer ? Une société, une culture, ça ne roule pas tout seul, par une sorte d’inertie bienfaisante. Ca se recrée sans cesse. Or donc, qu’est-ce qu’une culture ? C’est bien plus que l’art, c’est l’imaginaire sous des formes multiples. C’est l’aspiration à mieux vivre, c’est l’espoir ; c’est aussi une synthèse formidable entre notre histoire et notre avenir. Ce sont aussi des valeurs qui forment un consensus dans la société ; et aussi des lois, qui organisent cette espérance. Liberté-égalité-fraternité ! c’est tout autant un imaginaire, qu’une histoire et un objet politique. Le tout forme une vraie culture, républicaine.
C’est pourquoi déculturer l’écologie, ignorer ses racines, c’est lui ôter l’espoir d’inspirer nos sociétés. L’histoire tient ici une place fondatrice ; elle permet à tous de se saisir de l’écologie. Beaucoup souffrent d’une écologie vécue en une seule dimension : le présent. La dictature du présent et de l’urgence aplatit le débat, et lui ôte toute possibilité de perspective. Nous plaidons ici pour une écologie en 3D, associant le présent, au passé et à l’avenir. Comment donc traiter un sujet capital, sans profondeur de champ ? Avec comme seule perspective de « sauver » la planète. Sauver ? Oui, c’est une nécessité, mais ce n’est ni un rêve, ni un programme en soi. Une République sans mémoire serait la porte ouverte aux pires dérives. Une écologie sans histoire, c’est l’assurance de diviser là où il faut réunir. Les uns pour, les autres contre ; les gentils contre les méchants etc. Avec toutes les apparences d’un débat, le fond sensible, celui qui fait société et que chacun peut s’approprier, s’éloigne sans cesse. Or l’écologie n’est pas une « nouveauté », avec la suspicion que peut générer ce mot. On apprécie la nouveauté pour un vêtement, une voiture, mais dans la vie quotidienne, « nouveauté » rime avec incertitude, et danger. Toutes choses que l’humain redoute. Montrons alors que l’écologie est partie intégrante de notre culture occidentale, comme française. La Fontaine critique la déforestation de Louis XIV, pour garnir son parc de Versailles. Montaigne défend la cause animale, quand Aristote crée avec son disciple Théophraste la botanique. Quand Ronsard proteste contre l’abattage de la forêt de Gastine. Quand George Sand et les peintres de Barbizon sauvent la forêt de Fontainebleau, créant ainsi le premier espace naturel protégé, 10 ans avant ceux des Etats-Unis… Que font-ils ? De l’écologie. Accordons-nous que de l’Antiquité à 2021, il y a une ancienneté qui assure la démarche. Un pilier fondateur, inscrit à jamais dans notre culture. Il faut le lire, il faut l’enseigner et s’en réclamer. Oui, l’écologie n’est pas une idéologie, mais c’est une constante. Les jeunes générations en sont les héritiers ; et nous tous, prenons conscience qu’une écologie sans passé a un avenir compromis.