L’ODD 5, tremplin vers un monde plus juste pour les femmes…et pour tous
Établir une feuille de route mondiale structurée mais laissant libre cours à l’esprit d’initiative, ambitieuse mais réaliste, portée par des idéaux mais matérialisée par des indicateurs, est un vrai défi. C’est celui que relèvent les ODD (Objectifs de développement durable), 17 objectifs sous l’égide des Nations Unies pour transformer le monde d’ici à 2030. Les études se multiplient sur le sujet et convergent avec nos aspirations profondes : le modèle dominant des dernières décennies, pariant aveuglément sur une croissance infinie sur une planète aux ressources finies, n’est plus tenable. Un nouveau modèle se dessine, porté par l’engagement persévérant de leaders avant-gardistes et d’une société civile de plus en plus sensibilisée aux enjeux planétaires.
Parmi ces ODD, l’ODD 5, au cœur de l’action d’ONU Femmes, concerne l’égalité entre les sexes, fondement conditionnel à tous nos rêves de futur durable.
Des progrès mesurés par ONU Femmes ont été réalisés depuis la conférence mondiale sur les femmes de Pékin en 1995 : davantage de filles sont scolarisées ; davantage de femmes siègent dans les parlements et occupent des postes de direction ; certaines lois ont été réformées afin de faire progresser la lutte contre les violences. En dépit de ces avancées, les inégalités subsistent en tous lieux : les normes sociales discriminatoires restent la norme ; les femmes sont sous-représentées à tous les niveaux du pouvoir politique ; 35 % des femmes dans le monde ont subi au moins une fois des violences de la part d’un partenaire intime ou d’une autre personne. Ces situations dramatiques sont notamment le fait d’héritages culturels perpétués par des systèmes patriarcaux excluant et aggravés par des droits des femmes inexistants, insuffisants ou inappliqués dans bon nombre de pays. La crise du COVID-19 renforce cruellement ces injustices. Il est probable qu’une génération d’efforts pour atteindre l’égalité soit réduite à néant.
Le constat est âpre. Mais rien n’est irrémédiable. L’ODD 5 a une carte maîtresse : il est connecté à tous les autres selon le principe dit de « transversalisation des ODD ». Ses effets positifs ont des effets positifs sur les autres et inversement. Ainsi, si les femmes ont accès demain à autant de terres agricoles que les homme (ODD 1,2,3,12,13), la baisse de la famine dans certaines régions d’Afrique est à notre portée et la lutte contre le changement climatique accélérée. Si plus de femmes deviennent à l’avenir négociatrices dans les processus de paix (actuellement environ 13 %), les accords ont plus de chances de durer (ODD 16). Si les femmes dirigent ou codirigent plus d’entreprises dans un futur proche, la performance économique globale sera meilleure (ODD 8). Si les femmes ont accès à l’éducation au même niveau que les hommes, la pauvreté diminuera (ODD 1). D’autres exemples nombreux sont documentés et montrent à quel point l’ODD 5 cultive des liens vertueux et vecteurs d’impact avec tous les autres. Car l’engagement contre les faiseurs d’ombre et pour l’égalité est un engagement pour la planète entière. Un engagement pour les femmes et les hommes. Le ET est essentiel : pas « contre », pas « face à », pas « sans ». ET. Il abrite le désir d’une humanité diverse, mais unie par un projet de société plus grand et plus juste que la somme de nos individualités. Il est témoin du fait que le progrès de l’égalité vient toujours de la force des liens et de la vérité des rencontres.