Les droits des femmes en Afghanistan nous concernent toutes
Je m’appelle Zarifa Ghafari et, jusqu’à il y a peu de temps, j’ai servi mon pays natal, l’Afghanistan, dans une fonction publique – comme des milliers de femmes afghanes. Des femmes instruites. Des femmes qui ont envie – et sont capables – de faire la différence. Des femmes qui contribuent à rendre l’avenir de tous les Afghans, femmes, hommes et enfants, un peu meilleur chaque jour.
Avec l’aide de la communauté internationale, ma génération de femmes a failli réaliser un rêve : accéder à la liberté et l’autodétermination. Nous avons réussi à convaincre un grand nombre d’Afghans que nous, les femmes afghanes, ne sommes pas les ennemies des traditions culturelles ou islamiques de notre pays.
Tout au long de notre histoire, les femmes – en tant que mères, filles, sœurs, collègues, partenaires et, parfois, commandantes – ont contribué à la paix dans notre pays. Mais tout au long de l’histoire de l’Afghanistan, nous, les femmes, avons toujours dû nous adapter, de l’époque du Shah à l’occupation soviétique en passant par la guerre civile et les talibans. Mais aujourd’hui, nous voyons à nouveau un avenir incertain.
Les droits des femmes en Afghanistan nous concernent toutes, où que nous soyons. Ces droits fondamentaux pour lesquels, nos mères et grand-mères se sont tant battues, sont terriblement fragiles.
Simone de Beauvoir l’a écrit à juste titre : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » Rappelons-nous qu’il y a juste 56 ans que les Françaises ont obtenu leur indépendance financière, pouvant ainsi ouvrir un compte bancaire à leur nom et travailler sans le consentement de leur mari.
Si on considère ce qui est en train de se passer au Texas avec la loi dite du « battement de cœur » entrée en vigueur dans l’état américain, on constate une remise en cause de 48 ans du droit à l’avortement aux états-Unis.
Tous les pays du monde ont eu leur part de guerre et de difficultés pour atteindre leur indépendance et succès économique. Les femmes, 50 % de la population dans le monde, ont dû se battre contre les préjugés, les lois, les religions pour pouvoir exister pleinement et être reconnues en tant qu’êtres humains à part entière, et de ce fait bénéficier des mêmes droits réservés aux hommes. Mais y-a-t-il un pays dans le monde où l’égalité des sexes existe vraiment ?
Même dans les sociétés occidentales où des femmes sont à la tête des pays, il existe encore des disparités de salaire, de gouvernance et d’accès au financement. La violence faite aux femmes, qu’elle soit physique ou psychologique reste malheureusement un mal mondial qui n’a pu disparaître nulle part, jusqu’à présent.
Pour ce qui est de mon pays, l’Afghanistan, la route est encore plus longue à parcourir surtout en ce moment. Nous devons nous battre pour garder les avancées en droits que nous avons obtenus ces vingt dernières années. Les droits à l’éducation, au travail et à la libre circulation.
En tant que femmes, nous devons unir nos forces, où que nous soyons, pour élever nos voix et n’en faire qu’une. Nous devons crier haut et fort que nous ne tolérerons pas que nos droits fondamentaux soient niés. Une femme née à Kaboul, à Paris ou à Johannesburg est avant tout une femme et mérite d’exister ainsi.
J’ai la conviction que grâce à la solidarité féminine, cette force universelle qu’est la sororité, nous pourrons faire pression sur les gouvernements, que ce soit en Afghanistan ou ailleurs, pour veiller à ce que les droits des femmes soient respectés et mis en œuvre.