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Réinventons la comptabilité pour devenir soutenables

Nous constatons depuis des décennies une dégradation rapide et continue du milieu naturel qui induit une remise en cause de ce que l’on appelle la création de richesses : si nous créons de la valeur sociale en détruisant autant de valeur environnementale, le processus finira par s’arrêter (et l’échéance n’est pas si éloignée). Les principes comptables, à la base de toute l’économie, sont donc mis à mal et doivent être réinventés.

Il se trouve qu’aujourd’hui, les méthodes sont au point pour engager cette redéfinition. Il en résulte une comptabilité économique, sociale et environnementale qui calcule la valeur nette créée, intégrant le coût de tous les dommages collatéraux des activités humaines. Le plan comptable actuel, issu de 5 siècles de réglementation ne sera pas, pour autant, remis en cause avant un moment. Cette nouvelle comptabilité va d’abord s’y juxtaposer avant de le transformer.

Elle comporte 4 volets :

Le premier volet correspond à la comptabilité classique mais inclut des compléments que l’on appelle Analyse Coûts-Bénéfices ou Social Return On Investment. Ces compléments permettent, par exemple, de répondre à des questions de type : « quels sont les coûts et les retombées économiques d’une politique qualité ou plan de formation ? ».

Le second volet porte sur la mesure de la valeur immatérielle créée. Nous sommes assez en pointe sur ce sujet en France où la méthode Thésaurus-CI (Institut de Comptabilité de l’Immatériel) est très utilisée. Elle permet les calculs de valeur de marques, de fonds de clientèle, de systèmes d’informations, de bases de données, de savoir-faire, etc. Cette valeur s’ajoute à la valeur financière classique.

Ces deux premiers volets permettent de calculer la valeur socio-économique directe créée par l’entreprise.

Le troisième volet consiste à mesurer la valeur des externalités sociétales positives et négatives que l’entreprise produit sur les territoires où elle opère. Considérons tout d’abord les externalités positives : toute organisation a besoin de fournisseurs qui ont eux-mêmes des fournisseurs, etc. L’activité de l’entreprise irrigue donc l’économie locale par le biais de ses achats. En outre, tout cet écosystème emploie des salariés qui consomment sur le territoire. Enfin l’entreprise paie des impôts et des taxes qui alimentent l’économie publique. Tous ces impacts sont mesurés grâce à la méthode dite des matrices entrées-sorties de Leontief. L’entreprise a également des impacts sociaux négatifs : lorsqu’un salarié est victime d’un accident du travail, lorsque l’entreprise licencie, etc, les coûts correspondants sont pris en charge par la collectivité. Les méthodes de comptabilité classique (volet 1) sont utilisées pour ces mesures.

Le quatrième volet concerne la mesure du capital naturel détruit par l’activité. De nouveau, de nos jours, la chose se fait aisément, par exemple avec notre méthode Thésaurus-Empreinte qui comptabilise les conséquences économiques à long terme des émissions de CO2, de polluants atmosphériques, de l’artificialisation des sols, de la destruction de la biodiversité, de la consommation de matières premières non recyclées, de la production de déchets, de la consommation et de la pollution de l’eau.

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