De l’urgence d’un numérique accessible
12 millions de Français. C’est le nombre estimé de personnes en situation de handicap, soit 1 Français sur 6.
80 % des handicaps surviennent au cours de la vie, et la majorité des déficiences surviennent avec l’âge. Avec la part grandissante des seniors en France, l’accessibilité numérique concerne et concernera une très grande partie de la population, qu’il n’est plus possible d’ignorer. Pourtant, l’accessibilité numérique est encore un sujet trop peu connu.
C’est pourquoi, Anne Boulinguez, fondatrice de l’agence de communication ligérienne Madison Communication, a décidé de s’engager pour l’inclusion des personnes en situation de handicap. Pour cela, les membres de son agence ont été formés à la création de contenus accessibles. à son échelle, Madison Communication ouvre la voie vers un numérique plus responsable et inclusif, et tente de sensibiliser ses clients sur ce sujet.
Source d’opportunités, le numérique peut également être auteur d’exclusion. Dans nos vies professionnelles, dans nos formations, dans nos démarches administratives, dans nos loisirs ou encore dans notre sociabilisation, le numérique est omniprésent. Cette hyper présence des outils numériques s’impose naturellement comme maîtrisé et maîtrisable par tous. Pourtant, ces derniers nécessitent une certaine habilité, tant sur le plan physique que cognitif, et deviennent alors pénalisants pour beaucoup.
C’est ici que l’accessibilité numérique joue un rôle indispensable. Véritable levier d’intégration et d’autonomisation pour les personnes en situation de handicap, le numérique
se doit d’être inclusif. Concrètement, l’accessibilité numérique se traduit pas des contenus textuels lisibles par des outils de synthèse vocale, des affichages en grands caractères, des alternatives textuelles aux images, et bien plus encore.
Pour certains, ces critères d’accessibilité sont une obligation légale. C’est le cas des services de communication publics en ligne des services de l’État, des organismes délégataires d’une mission de service public, des collectivités territoriales et des établissements publics qui en dépendent. C’est également le cas pour les entreprises privées générant plus de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires en France. Si ces dernières ne respectent pas la mise en accessibilité, elles risquent une amende fixée à 20 000 euros annuel. Il est assez facile de se rendre compte de la légèreté de cette obligation légale et de ses sanctions, qui concerne jusqu’alors très peu d’entreprises privées en France.
Le principal problème qui se pose lorsque l’on souhaite créer des supports accessibles, c’est le manque de compétences en interne. Il y a une véritable lacune dans les formations des développeurs, ingénieurs, community managers, … Selon le Conseil National du Numérique, 43 % des développeurs affirment ne pas connaître les obligations légales relatives à l’accessibilité. Pourtant, ils sont nombreux à avoir été confronté à cette problématique (76 %), et se sont alors formés en autodidacte.
Certes, rendre ses contenus numériques accessibles nécessite du temps, et de l’argent. Cela nécessite parfois même de se former et de s’engager volontairement et activement pour réduire les inégalités.
Mais est-ce vraiment insurmontable que de rendre le numérique, omniprésent dans nos vies personnelles et professionnelles, accessible à tous ? Lorsque l’école ou le travail se déroule derrière un écran d’ordinateur, et que les démarches administratives continuent de se dématérialiser, pouvons-nous continuer à penser que l’accessibilité numérique est une option ?