Effondrement du vivant : protégeons les espèces et leurs milieux
Grâce au travail inlassable des scientifiques depuis 30 ans, relayé par les ONG, le dérèglement climatique a fini par entrer dans les consciences. Et, même si nous ne parvenons pas encore à changer la situation, les décideurs ont au moins intégré cet enjeu dans leurs discours. En revanche l’indispensable protection de la biodiversité a pris du retard. Trop souvent encore elle reste dans l’angle mort du rétroviseur. Combien de fois entendons-nous nos dirigeants discourir sur la nécessaire transition écologique, puis décliner les mesures à prendre dans le domaine énergétique sans citer une seule fois la biodiversité ? Et pourtant les deux objectifs sont non seulement indissociables, mais doivent être traités avec une même urgence.
Si l’on peut espérer au moins une retombée positive de la terrible crise sanitaire qui a frappé le monde et continue de faire des ravages, c’est que nous faisons partie d’un tout, et que l’équilibre peut être rompu à force de donner des coups de boutoir dans la pyramide du vivant. Les ressources ne sont pas illimitées : nous commençons à percevoir la finitude de ce que nous avons trop longtemps cru inépuisable. La capacité de résilience a elle-même ses limites. Il y a des seuils à ne pas dépasser. Il ne s’agit pas de dire que la nature se venge, comment le pourrait- elle ? Ni d’espérer un effondrement. Sûrement pas ! Mais bien de rappeler que nous devons cesser de scier la branche sur laquelle notre humanité est assise. Les biens matériels et immatériels que nous procurent les écosystèmes et les espèces sont inestimables.
Il faut avoir conscience qu’aujourd’hui le bétail représente 60 % de la biomasse mondiale de mammifères, l’homme 36 %, et les mammifères sauvages… plus que 4 % ! Les oiseaux sauvages ne représentent plus que 29 % des oiseaux présents sur la planète, à comparer aux 71 % des volailles d’élevage.
Il y a heureusement deux bonnes nouvelles. La première est que nous connaissons les causes de l’effondrement du vivant : artificialisation et destruction des milieux, surexploitation des ressources, pollutions diverses… Donc nous pouvons les combattre. Il suffirait pour commencer d’arrêter de subventionner les activités néfastes. La deuxième bonne nouvelle est que des solutions existent et font leurs preuves. La LPO le démontre tous les jours depuis plusieurs années déjà. Quand on protège les espèces et leurs milieux, tout va mieux ! Tandis que les espèces des milieux agricoles intensifs s’effondraient, des familles d’oiseaux comme les hérons, les rapaces, les cigognes, et des mammifères comme les castors ou les loutres prospéraient grâce à l’attention qui leur était enfin portée.
Parce que le temps nous est compté, parce que nous connais-sons les causes de la disparition massive et rapide des espèces, notre responsabilité est engagée. Nous devons changer de paradigme. Il y va de notre avenir autant que notre devoir éthique à l’égard du vivant.