Les experts : Benamara Neila

Benamara Neila

17

Benamara Neila

Contribuer aux ODD passe par la mesure d’impact

Toute organisation a un impact sur la société, positif ou négatif, qu’elle le mesure ou pas. En conséquence, pour effectivement contribuer aux ODD, et ainsi participer à rendre notre société meilleure pour chacun, nous avons tous un rôle à jouer, en commençant par mesurer notre impact. Il s’agit en effet de savoir d’où l’on part, pour définir comment s’améliorer. De plus, pour que cette mesure d’impact soit la plus juste possible, une approche intégrée, c’est-à-dire prenant en compte l’ensemble de nos activités, mais aussi holistique afin d’inclure nos parties prenantes avec lesquelles nous interagissons est essentielle. Cette responsabilité sociétale et mesure d’impact sont des notions qui vont de paire avec nos institutions publiques, mais également de manière croissante les entreprises réalisent le rôle majeur qu’elles ont à jouer vis-à-vis de ces enjeux. En effet, les entreprises doivent s’assurer que l’impact qu’elles ont sur la société soit géré de manière à non seulement ne pas renforcer les problèmes existant, mais contribuer à construire le type de société vers lequel nous aspirons. Il existe aujourd’hui de nombreux référentiels pour aider les entreprises à mesurer leur impact, ce qui n’est parfois pas évident pour comparer et s’accorder entre industries et pays. Mais on constate de manière encourageante l’émergence de coalitions et de partenariats qui permettent de faciliter ce travail. Les ODD représentent le cadre de référence le plus universel défini jusqu’à présent, pour communiquer son impact mais aussi pour nouer des partenariats vers une vision commune.

Dans la récente étude publiée par B Lab sur le comportement d’entreprises engagées à contribuer aux ODD, on remarque que si l’on souhaite résoudre nos problèmes sociétaux, il faut non seulement que plus d’entreprises engagent une démarche similaire, mais de manière stratégique que des entreprises qui ont déjà un impact fort du fait de leur secteur commencent à le faire également. L’interaction des entreprises avec certains ODD n’est pas encore reconnue et comprise par tous, comme par exemple celui avec la biodiversité via les ODD 14 et 15, qui sont parmi les ODD les moins priorisés. Et pourtant, la génération de déchets dangereux, l’utilisation de matériaux non biodégradables, l’utilisation des terres entraînant
une déforestation, sont autant d’éléments qui impactent directement ces ODD. On remarque également que parmi celles qui ont entamé cette mesure d’impact, peu définissent des objectifs d’amélioration, et trop peu définissent des objectifs liés à leur chaîne de valeur, une action collective, ou bien à leur modèle d’affaires, qui ont pourtant un potentiel de changement beaucoup plus important que leurs opérations internes. Les objectifs définis sont de nature court-terme et faciles à mettre en place. Cela montre bien qu’il y a encore une nécessité d’adapter le reste du système économique et le fonctionnement des entreprises en parallèle pour que les décisions puissent être prises sur des considérations plus long-terme. C’est fort heureusement un changement qui s’opère avec notamment les projets de consultation lancés au niveau français mais aussi européen, sur des sujets de devoir de vigilance, de reporting extra-financier. Mais aussi avec l’émergence de nouveaux statuts d’entreprises qui intègrent la mission et les intérêts des parties prenantes au cœur de leurs modèles et s’institutionnalisent.

La collaboration comme élément clé de réussite. Je suis persuadée que nous pouvons y arriver grâce aux actions de chacun et à transformer nos façons de penser, de vivre, de s’organiser pour créer un système qui soit équitable et régénérateur !

Retour aux Experts