19 mai 2023, News RSE
Il faut reconnaitre que nos droits aujourd’hui sont beaucoup plus avancés que ceux de nos mères et nos grands-mères.
En 2017 avec l’évènement MeToo, nous avons passé une nouvelle étape, mais il reste encore beaucoup de tabous et les droits sexuels et reproductifs des femmes sont les premiers à être attaqués. Il faut absolument protéger les droits des femmes à disposer de leur corps, c’est essentiel.
Par ailleurs si, bien heureusement toutes les femmes ne sont pas victimes de violences physiques, toutes subissent des inégalités économiques à un moment ou un autre de leur carrière du fait du système patriarcal prédominant. L’injonction sur le métier qu’elles peuvent exercer ou non, le combat l’égalité salariale, le refus d’un poste dans l’éventualité d’une grossesse prochaine. L’égalité économique et professionnelle est aussi très importante. Beaucoup de femmes subissent des violences parce qu’elles ne sont pas indépendantes économiquement et financièrement.
Les droits des femmes sont fragiles, rien n’est jamais gagné. Simone de Beauvoir nous avait mises en garde : « [il] suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour qu’[ils] soient remis en question ».
Toutefois je salue cette nouvelle génération, extrêmement déterminée et exigeante, qui nous ouvre les yeux sur tout ce qu’il reste à faire !
L’application stricte de la loi et les sanctions qui vont avec en cas d’irrégularités.
Prenez l’exemple de L’index égalité professionnelle voté en 2019 pour faire progresser la place des femmes au sein de l’entreprise, sur la base de critères transparents et mesurables ; plus de 42 000 contrôles ont eu lieu depuis. Seules 2% des entreprises publiant leurs données atteignent 100%. Mais combien de sanctions réelles ont été prises ?
On peut voter toutes les lois du monde, si leur exécution n’est pas vérifiée avec les sanctions prévues, elles auront une efficacité limitée.
Et les lois ne suffisent pas. L’adage « nul n’est censé ignorer la loi » est hypocrite.
L’éducation est fondamentale sur ces sujets, à la maison, dans le milieu scolaire, au travail et à tous les niveaux.
À l’école, par exemple, on peine encore à faire appliquer l’éducation à la vie sexuelle et reproductive : notions de consentement, d’altérité, de respect et de considération de l’autre.
Voyez également la manière dont les femmes sont (très peu) représentées dans les médias, ou dont elles disparaissent des livres d’histoire. Leur représentation est tellement inadaptée, stéréotypée et pleine de préjugés, qu’il ne suffit pas de faire voter des lois pour faire bouger les lignes. Les conséquences sont parfois délétères avec une forme d’autocensure chez les femmes. Le manque de confiance en soi, d’estime de soi, est l’un des poids les plus lourds portés par les femmes. Rien n’est mis en place pour accompagner les filles dès leur plus jeune âge si bien que beaucoup n’osent pas s’affirmer ! Il faut que les filles aient conscience de tout leur potentiel, de tout ce dont elles sont capables, et que les garçons comprennent qu’elles ne sont pas des êtres inférieurs.
Le ministère des droits des femmes a le mérite d’exister aujourd’hui, mais il reste celui au plus faible budget. Emmanuel Macron a fait de l’égalité femmes hommes la grande cause du quinquennat : il faut que chaque citoyen ait conscience au niveau national de l’importance du sujet.
À mon arrivée au gouvernement je souhaitais l’instauration de quotas dans les CODIR et COMEX. La loi Copé Zimmerman a prouvé leur efficacité : la représentation des femmes dans les conseils d’administration est passée de 9% à 45% en 10 ans !
On espérait un ruissellement dans les postes stratégiques mais ce n’est pas arrivé.
Les femmes représentent 52% de la population mondiale. Tant qu’elles ne seront pas 52% autour des tables de décisions stratégiques, nous n’y arriverons pas.
J’ai lutté énergiquement pour le vote de la loi Rixain et je suis fière aujourd’hui qu’elle soit adoptée. Pas seulement pour les quotas, mais également pour un meilleur équilibre de genre entre les différents secteurs des études supérieures.
Toutefois l’État ne peut pas tout faire, les parents doivent aussi pousser leurs filles dans des métiers comme la science, la technologie, l’ingénierie, les mathématiques…
La technologie est en train de changer le monde et on y trouve à peine 30% de femmes : sans un meilleur équilibre de contributions on créera un monde totalement masculinisé et donc déséquilibré.
Il faut aller beaucoup plus loin sur l’éducation à l’égalité.
Nous y avons beaucoup travaillé, mais trop de choses n’ont pu aboutir.
Il faut davantage soutenir l’entrepreunariat féminin.
Et travailler sur nos liens humains
Aujourd’hui je fonde l’association 8 mars ! La puissance du lien, persuadée que ce que nous avons de plus précieux dans l’humanité sont les liens qui nous unissent. Or ils sont particulièrement fragilisés par une continuelle opposition des femmes aux hommes, des zones rurales aux zones urbaines, des jeunes aux aînés etc.
Il faut retisser ces liens car ce sont eux qui nous donnent la force d’avancer.
L’association capitalise beaucoup sur le mentorat, afin que ceux ayant réussi aident les autres à réussir. Nous avons déjà formé 350 binômes de mentor/mentorée. Depuis 3 semaines, nous formons 150 femmes de tous les âges et tous les milieux sociaux à la confiance et à l’estime de soi, en partenariat avec la société Hatahe.
Nous souhaitons montrer aux femmes qu’elles ne sont pas seules, qu’elles sont confrontées aux mêmes stéréotypes et aux mêmes problématiques. Et qu’ensemble nous pouvons en résoudre une grande partie.
Site internet de l’association 8 mars – La puissance du lien : https://8mars.org/