Santé et environnement: tout est lié

Crise écologique, santé mentale, espérance de vie : tout est lié

Quels liens fait-on entre environnement et santé ?

« Nous tirons des bénéfices sanitaires de la biodiversité et des écosystèmes et, à l’inverse, ont un impact négatif sur notre santé la destruction de ceux-ci et l’accélération du changement climatique. […] Des centaines d’études minutieuses et robustes ont abouti à une véritable cartographie des bienfaits de la biodiversité et des écosystèmes sur la santé. »

À l’heure où les scientifiques annoncent un compte à rebours quant à la préservation d’une planète vivable, on doit se poser la question du lien entre environnement et santé, entre crises écologiques et bien-être, entre épuisement des ressources naturelles et espérance de vie. D’ailleurs, de nombreuses études scientifiques le montrent, il existe un lien très fort entre la santé et l’environnement.

On parle de santé environnementale. Ce terme est apparu en 1994 à la suite de la conférence d’Helsinki sur la santé. Il comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. Celle-ci recouvre aussi la politique et les pratiques de prévention des facteurs environnementaux susceptibles d’affecter la santé des individus.

Il est certain que la prise en compte de l’environnement est essentielle pour évaluer l’état de santé général des Français. Quelle forme prend-elle aujourd’hui ?

L’environnement a deux significations. On parle d’environnement social qui englobe généralement les conditions de travail d’un employé, de son entourage direct, de ses conditions de vie (famille, habitation, employeur) Mais on parle bien plus fréquemment de l’environnement avec un grand E. Celui qui se réfère à l’écologie et à la planète.

La santé selon la définition de l’OMS, est un état de complet bien-être physique, mental et social. Elle ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.

Des chiffres en hausse

On parle de l’impact du réchauffement climatique sur la santé et les rapports scientifiques démontrent la dégradation de l’environnement depuis un demi-siècle. L’impact du réchauffement climatique sur la santé dans toutes les régions du monde est évident : une plus grande mortalité, l’émergence de nouvelles maladies, l’augmentation du stress thermique, la dégradation de la qualité de l’air … Les générations actuelles et futures sont en danger.

En France, on constate une progression des accidents cardiovasculaires et des insuffisances cardiaques liés à la dégradation de l’environnement. Une population de plus en plus jeune en est atteinte. Selon une étude de l’ANSES, l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique urbaine est immense : plus de 16 000 décès sen 20 ans ont imputés aux particules fines présentes dans l’air.

Pour comprendre ce phénomène, il faut avoir une vision globale de l’environnement. Sont en cause la pollution, l’alimentation, la sédentarité, l’urbanisme. Les perturbateurs endocriniens, que l’on trouve dans de nombreux aliments et dont l’usage est hautement controversé sont à prendre en compte. Depuis 2018, certaines villes avec Paris en tête, ont pour objectif de se débarrasser de 100% des perturbateurs endocriniens.

Le Comité pour le développement durable en santé (C2DS) préconise un abandon total de ces perturbateurs dans les milieux hospitaliers. C’est pourquoi la RSE et le développement durable ont leur place dans les politiques des institutions hospitalières. D’ailleurs, la destruction systématique des écosystèmes depuis une cinquantaine d’années est directement liée au développement de maladies infectieuses. 

Les initiatives collectives

En France, plusieurs initiatives sont mises en place. Deux ministères sont hautement impliqués: le ministère de transition écologique et celui de la santé. Preuve s’il en est qu’enjeux de santé et préservation de l’environnement co-existent.

C’est pourquoi le Plan National de Santé Environnement voit le jour à partir de 2004. Il se poursuit sur une période de 5 ans et doit être, en principe, renouvelé tous les 5 ans, en fonction des avancées constatées.

Inscrits dans le code de la santé publique, les plans nationaux successifs ont permis quelques avancées car ils ont poussé les organismes publics à se coordonner. Cependant, les effets positifs sur la qualité de l’eau ou de l’air ne peuvent pas uniquement être attribués aux politiques publiques. Comme le rappelle Olivier Toma, fondateur de Primum Non Nocere et membre du C2DS, pour permettre à l’environnement d’avoir un impact positif sur la santé, un programme qui fonctionne doit pouvoir être reproduit ailleurs sur le territoire.

Par ailleurs, le PNSE manque de pilotage et d’évaluation. C’est pourquoi des initiatives régionales sont mises en place par les entreprises, les associations et les organisations. On peut notamment parler du programme des pharmacies de demain des Laboratoires Pierre Fabre. Une trentaine de pharmacies, situées en milieu urbain ou rural ont décidé de rejoindre le mouvement. Elles sont labélisées Très Haute Qualité Sociale et Environnementale® et prennent en compte les enjeux de développement durable et de RSE. Permettant à leur clientèle d’être mieux informée sur les compositions des produits qu’ils achètent et sur l’impact environnemental de leur consommation.

Les conséquences de la Covid-19 sur la santé mentale et physique

Depuis 2016, le PNSE et les Agences Régionales de Santé recommandent de prendre en compte l’épidémiologie. Ce qui s’est avéré être une excellente préconisation depuis l’arrivée de la Covid-19 ! Le sentiment de bien-être et la santé mentale des Français sont directement reliés au contexte de la pandémie.

L’Observatoire du bien-être évalue le niveau de bien-être grâce à 20 questions posées à un panel de Français. Nombre d’entre eux ont décidé de réévaluer leur santé à l’aune de la pandémie.

En 2020, beaucoup ont redécouvert leur environnement proche et ont pris le temps de s’aérer en pleine nature ou de faire du vélo. Pour beaucoup, fini le stress du classique métro-boulot-dodo ! En parallèle de quoi on a pu constater l’impact positif de l’arrêt de production de certaines entreprises polluantes. Accompagnée d’une nature qui a repris progressivement ses droits.

Si certains ont paradoxalement trouvé que le confinement a eu des effets positifs sur leur santé mentale, beaucoup ont développé une forme d’éco-anxiété. Et c’est sans compter sur le nombre de pathologies respiratoires qui se sont multipliées et aggravées.

Ainsi, la santé mentale et physique des Français est en dent de scie depuis deux ans. Les classes les plus défavorisées de la population française sont les plus sujettes à une forme d’éco-anxiété. Bien que le terme ne soit pas employé tel quel, il s’agit pourtant d’un état de santé dégradé dû à la perturbation fréquente et systématique de nos écosystèmes. En moyenne, elles sont en moins bonne santé car elles sont plus souvent et plus durablement exposées aux matériaux polluants, aux particules fines et à l’eau parfois mal traitée. L’accès à des soins généralement coûteux est un frein à une bonne santé. C’est donc aussi pour permettre aux plus pauvres d’être en meilleure santé que l’environnement doit être au cœur des préoccupations de tous.

La préservation des écosystèmes est indispensable à notre bonne santé

Heureusement, certains ont décidé de dépasser leurs inquiétudes en mettant en place des initiatives liant santé et environnement. Au programme : fermes d’aquaponie, nettoyage d’espaces verts, plantation d’arbres et sensibilisation massive des publics de tous âges. Toutes ces actions ont pour objectif de contribuer au cercle vertueux : un meilleur environnement pour une meilleure santé et inversement.

Ainsi, la santé doit être au cœur de nos préoccupations individuelles et collectives. D’ailleurs, l’économie elle-même nous poussera à agir. L’économiste Eloi Laurent, auteur de Et si la santé guidait le monde ? (paru en novembre 2020) mentionne qu’en définitive, l’inaction coûte plus cher aux individus comme à l’État que les actions elles-mêmes.

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